Economie-RDC : Contrat sino-congolais, le directeur de ACGT , Nico Nzau réagit.
Suite à la publication du rapport de l’inspection générale des finances sur le contrat sino-congolais, plusieurs intervenants se lèvent pour se défendre devant la presse. Après le directeur chargé de suivi, c’est le directeur de l’agence congolaise des grands travaux qui a répondu aux questions des journalistes de la radio Top-Congo.
"Ça faisait longtemps que nous n'avions pas travaillé. Vous devriez savoir qu'avant cette date (avril 2008), toutes les infrastructures ici en RDC étaient tout à fait mauvaises. Nous n'avions pas la capacité de répondre intellectuellement en ce qui concerne le projet. On n'avait pas d'études", avoue, invité de l'ÉDITION SPÉCIALE sur TOP CONGO FM, Nico Nzau, directeur de l'Agence congolaise des grands travaux (ACGT), directeur général adjoint de cet établissement public en 2008 lors de la conclusion et mise en œuvre des contrats sino-congolais qui, en somme, consistaient à l'exploitation des gisements miniers de la RDC en échange du financement de ces infrastructures.
"Vous devez savoir que dans un projet, il faut commencer toujours par des études. Or là, on avait envie de voir que nous étions en train de renverser la situation. L'argent arrivait mais devant nous, il n'y avait pas d'études", répète-t-il.
Chapelet de bonnes intentions...
Sur ces entrefaites, explique-t-il, "en 2008, on réunit un groupe d'ingénieurs de tous bords pour faire l'inventaire de tous les problèmes d'infrastructures que nous avions dans ce pays. On a pris 40 ingénieurs de l'Office des voiries et drainage (OVD), office des routes, Onatra, Regideso, etc., alors dirigés par un coordonnateur qui est aujourd'hui directeur général de l'OVD, Monsieur Tumba.
Nous sommes donc tous sur une table et on fait ce qu'on appelle un chapelet d'intentions : on dit pour développer ce pays, qu'est-ce qu'il faut ? Chacun dans son domaine fait un inventaire et donne sa liste".
Et d'indiquer : "voilà à peu près ce que nous appelons annexe C. C'était, en fait, une pépinière où on mettait toutes les intentions. On va, par la suite, remettre cette liste à la partie Chinoise en disant : voilà ce que nous voulons qu'on puisse construire pour le moment", indique Nico Nzau.
Les premières difficultés, c'est que "nous avions les 3 milliards de dollars : comment mettre les infrastructures en exécution ? Les Chinois étaient prêts à financer mais à condition de leur donner des études. Mais en ce moment là, il faut être humble et reconnaître que nous n'avions pas la capacité de les produire", martèle-t-il.
"Nous devons savoir que toutes les banques du monde qui financent un projet ont un principe : vous devez nécessairement présenter un dossier et ce dossier doit comprendre des études. C'est comme ça que nous allions sortir les quelques dossiers qui n'étaient d'ailleurs pas complets"
Contraintes politiques...
"Ce qui est choquant, relate l'ex-numéro 2 de l'ACGT, c'est qu'il fallait bien commencer à faire quelque chose. Nous sommes en 2009. Et une année plus tard, c'était le 50ème anniversaire de notre indépendance. Donc, il y avait des échéances politiques devant nous. Qu'est-ce que nous allions faire ? Chacun de nous a trouvé quelque part des devis et on s'est dit qu'on va faire ça".
Pour lui, "avec les 350 millions de dollars qui sont sortis, on a commencé par voir où on pouvait trouver un semblant d'études. Les bâtiments de l'hôpital (du cinquantenaire) étaient là. On s'est dit comme les bâtiments sont là, est-ce qu'on peut en faire quelque chose ?", lance-t-il.
Dans la foulée, "on trouve un vieux dossier de l'hôpital du cinquantenaire, on le sort, l'office des routes venait, à l'époque, de réhabiliter la route en terre Lubumbashi-Kasomeno-Kasenga, nous sortons ce dossier là, on prend encore du côté de Beni, une route en terre qui n'avait rien avoir avec ce que nous voulions (routes bitumées plutôt qu'en terre). Voilà comment nous allons commencer en catastrophe et demander alors aux Chinois de commencer à faire des travaux sur des chantiers où il n'y avait pas d'études".
Par la suite, "nous allons adopter l'approche de faire des travaux et des études en même temps. C'est ainsi que nous signerons avec les entreprises Chinoises, des contrats d'études et de travaux. Il nous fallait, que ce soit la partie Chinoise que la partie congolaise, au moins 2 ans d'études. Et là, nous sommes pris de court. On nous demande, 3 à 4 mois pour commencer les travaux. Or, dans tout projet, quand il n'y a pas d'études, il y a dérapage", tranche-t-il.
Le gouvernement congolais n'a pas encore réagi face au rapport de l'IGF. A suivre...