Denis Mukwege appelle à la communauté internationale pour imposer des sanctions au Rwanda.

Les soldats rwandais doivent quitter le territoire congolais, et le gouvernement Congolais, les Nations-Unies, l'Union africaine et les partenaires bilatéraux et régionaux de la RDC doivent tirer les conséquences de ces preuves démontrant la énième guerre d'agression du Rwanda contre la RDC, estime le docteur Denis Mukwege, après la publication du rapport d'experts des Nations-Unies, dont les conclusions confirment le soutien du Rwanda au M23 et la présence des troupes des Forces Rwandaises de défense (RDF) sur le sol Congolais depuis novembre 2021.

Le prix Nobel suggère que ''des sanctions doivent être prises sans plus tarder, tant sur le plan politique, diplomatique, économique que militaire, conformément aux résolution 1807 et 2293 du Conseil de sécurité des Nations-Unies, qui sanctionnent notamment les personnes et entités qui se livrent à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité de la République démocratique du congo''.

Après plus d'un quart de siècle de conflits ayant entraîné des millions de morts, des femmes violées et des déplacés, il estime que ''la communauté des États ne peut plus accepter passivement que la population Congolaise subissent des agressions à répétition des pays voisins commettant directement ou par procuration des atrocités de masse visant à déstabiliser la RDC pour piller les ressources naturelles dans un climat d'impunité généralisé".

Pour lui, ''cette grande criminalité transnationale dont le Rwanda est l'un des principaux acteurs depuis 25 ans avec la complicité de certains compatriotes corrompus doit cesser".

Réformer les services de sécurité

Face à ces crises à répétition, le docteur Denis Mukwege propose au gouvernement "de réformer urgemment le secteur de la sécurité en RDC, seule solution durable à la sécurisation et à la pacification du pays. Nous ne pouvons compter éternellement sur l'assistance des Nations-Unies ni poursuivre une politique de l'externalisation de notre sécurité nationale par des États tiers".

Il faut également "définir rapidement une politique de défense adaptée aux défis du présent et du futur, allouer les moyens nécessaires pour mettre en œuvre la loi de programmation militaire et mobiliser une réelle volonté politique pour réformer nos forces de défense. Par ailleurs, nous ne pouvons continuer à accepter que certains éléments de notre armée nationale collaborent avec certaines milices qui déstabilisent notre pays".

Justice pour le peuple Congolais

''Le monde ne peut continuer de fermer les yeux sur les atrocités commises en RDC depuis plus d'un quart de siècle. Il faut adopter et mettre en œuvre une stratégie de justice transitionnelle en RDC,'' réncherit-t-il.

Avant de souligner qu"'à l'instar de tous les peuples, les Congolais ont droit à la justice, à la vérité et à des réparations, mais aussi à des garanties de non répétition des atrocités".

C'est pourquoi "la justice est un outil primordial pour prévenir la répétition des conflits, mais c'est la pièce manquante du puzzle pour instaurer la paix en RDC. Il s'agit d'une condition préalable à la réconciliation et à la coexistence pacifique en RDC et dans la région des grands lacs".

Il exhorte les dirigeants Congolais et les partenaires privilégiés de la RDC comme les Nations-Unies Unies, les États-Unis, et l'Union européenne "à créer des conditions propices pour le développement d'un commerce propre et transparent des ressources dont regorgent la RDC et à faire respecter les droits humains et les principes de base du droit international par tous les États dans la région des Grands lacs".

Les Forces Rwandaises de défense (RDF) ont "lancé des interventions militaires contre des groupes armés Congolais et des positions des Forces armées Congolaises" depuis novembre 2021, d'après un rapport d'experts des Nations-Unies rendu public ce jeudi 4 août 2022.

On peut y lire que le régime de Kigali a "fourni des renforts des troupes au M23 pour des opérations spécifiques, en particulier lorsque celles-ci visaient à s'emparer de villes et de zones stratégiques" dont la cité de Bunagana, important centre commercial à la frontière Ougandaise, tombée entre les mains des "terroristes" du M23, comme le qualifie Kinshasa, le 13 juin dernier. DL