RDC : Plus de 140 victimes après la pluie diluvienne de ce lundi à Kinshasa

Ce mardi 13 décembre 2022, les kinois se sont réveillé les pieds dans l’eau. Plus de cent quarante personnes ont péri lors des éboulements de leurs maisons et des bâtiments ou électrocutés. Nos reporteurs font le premier constat des communes les plus touchées de la capitale.

D'après le bilan provisoire : au moins 38 morts dans la commune de Ngaliema, "il y a 16 morts au quartier Pigeon, Neuf au quartier Kongo où tout a été fait pour que ces corps soient acheminés à la morgue, 1 mort au quartier Bumba, Neuf à Djelo-Binza, trois morts au Camp Munganga", annonce, le bourgmestre de Ngaliema Mr Dieumerci Mayibazilwanga. "La ronde n'est pas encore complet, il peut déjà avoisiner plus d'une centaine des disparus", précise-t-il.

Les constructions anarchiques sont les responsables de ces dégâts selon le bourgmestre, "les gens construisent même là où on n'a pas encore donné d'autorisations de bâtir. Ils font des constructions anarchiques. Ils n'ont aucun document. On les chasse, mais ils reviennent toujours", déplore le bourgmestre de Ngaliema, dénonçant "le manque de canalisation".

Dans la commune de Ngaliema, le bilan est revu à la hausse, "nous sommes au-delà de 30 morts", annonce le bourgmestre. On a dénombré « deux morts à Kimwenza-Gare, Quatre à Matadi Mayo vers cité Pumbu, 11 à Matadi Kibala, 11 à Sans fils et Quatre vers Musango, Sept dans un autre quartier. Le corps d'un bébé a aussi été retrouvé sous les décombres".
Pour Alidor Tshibanda, "les découvertes d'autres corps pourront être faites parce que les recherches se poursuivent".

Dans la commune de Kintambo, la bourgmestre Fatou Inona parle de 5 morts, tous membres d'une même famille électrocutés au quartier Kilimani,. 4 également dans la commune de Bandalungwa où la rivière Makelele est sortie de son lit, rendant impraticable l'avenue Kasavubu à hauteur de 8 décembre aux niveaux bouchés avec beaucoup stagnantes, on a compté jusque là 4 morts.

Augustin Makensi, bourgmestre de la commune de Selembao fait état d'une "triste nouvelle avec 12 morts. 10 corps sont en train d'être acheminés à la morgue de l'hôpital de référence de Kinshasa (ex-Mama Yemo) et deux corps sont en train d'être récupérés des décombres. Ce sont des morts des quartiers Badiadingi, Kifoy et Cité verte où des murs des maisons se sont écoulés. Ici 25 blessés sont pris en charge dans différents hôpitaux" .

À Limete, le bourgmestre Douglas Nkulu déplore " trois morts sur l'avenue Sankuru au quartier Mateba, tous membres d'une même famille. Plusieurs maisons se sont écroulées à Kingabwa. Aucun quartier n'est épargné à Limete".
La station de la Société nationale d'électricité nationale (SNEL) du district de FUNA est aussi inondée, avec risque que la desserte en électricité soit sérieusement perturbée.

La commune de Gombe n'est pas épargnée, si les morts ne sont pas encore enregistrés, "la rivière Gombe a débordé, inondant le quartier Socimat, l'Institut Français et l'école Belge ainsi que le boule du 30", selon le bourgmestre Fabrice Ngoy.

Pour l'instant, le gouverneur Gentiny Ngobila est sur le terrain faisant la ronde de différentes communes touchées après la pluie tombée cette nuit dans la ville de Kinshasa. À la fin de sa tournée, il pourra annoncer un bilan officiel.

Pour sa part, le premier ministre annonce que le trafic sur la RN1 reprendra dans les 48 heures.
"Des travaux de remblaiement ont déjà démarré de manière à, très vite, avoir un retour de la route, avec, pour commencer les petits véhicules et ensuite, nous allons faire un travail de plus grande envergure", annonce le Premier ministre Sama Lukonde à l'issue de la visite de la Route nationale n°1 coupée, à hauteur de Mitendi, par la pluie diluvienne qui s'est abattue la nuit dernière sur la province de Kinshasa.

"En ce qui concerne les petits véhicules, ça pourrait être dans les 24 heures. Pour les gros tonnages, il va falloir des travaux de génie civile qui peuvent prendre 3 à 4 jours", précise le Chef de l'exécutif national.

Efforts de sensibilisation

En outre, Sama Lukonde insiste sur la "sensibilisation de la population" menée de concert avec les autorités de la ville-province de Kinshasa "sur les zones où on ne devrait pas avoir des constructions. C'est lorsque nous avons ces constructions anarchiques que nous subissons ce genre de revers ».

Par ailleurs, "nous avons d'autres sites que nous allons visiter avant de faire un bilan général, non seulement, en ce qui concerne les infrastructures mais aussi la desserte en électricité", indique encore le Premier ministre .

"Plusieurs usines de traitement d'eau de la Regideso sont à l'arrêt. Le directeur provincial de la Regideso, ville de Kinshasa, Raymond Matundu a expliqué que "cette situation a provoqué une forte turbidité et entassement des déchets solides.'' Il prévient que la desserte en eau potable sera vraiment perturbée et ces arrêts seront prolongés".

D'après les experts en urbanisme, les routes sont construites sans les canalisations adéquates pour évacuer les eaux de pluie, des maisons et immeubles sont construits de manière anarchique. Le pays doit se doter d'un réel plan d'uranisme. A l'aube du changement climatique, où il y aura de plus e plus de catastrophe naturelle, il est temps que le pays pense à la reconstruction du pays avec des méthodes modernes respectant les normes environnementales.