Le gouvernement doit 300 millions de dollars de manque à gagner aux pétroliers » (FEC).

''En termes de manque à gagner, l'État doit aux sociétés pétrolières 300 millions de dollars. Je ne sais pas par quel mécanisme l'État va trouver les moyens pour essayer de payer ce manque à gagner ?

Alors que le prix du carburant est déjà revu à la hausse plus d'une fois depuis le début de l'année, dont une nouvelle est en encore en perspective, il estime que ''si on avait suivi nos conseils, on ne serait pas arrivé dans la situation dans laquelle nous nous retrouvons aujourd'hui. Quand l'État a pris l'option de prendre en charge le manque à gagner, il fallait graduellement augmenter le prix, ça allait faire mal mais au moins, on allait pas atteindre le niveau que nous avons atteint aujourd'hui".

Meme si 'la Fédération des entreprises du Congo fait certes partie de la commission de la structure des prix, nous n'avons pas la décision parce qu'il y a des produits qui ne sont maîtrisés que par le gouvernement, notamment les produits pétroliers".

Aujourd'hui, par exemple, relève-t-il, ''quand on vend le carburant à la pompe, il y a une différence de plus ou moins 140 dollars entre le prix moyen frontières, c'est-à-dire le prix du carburant à la frontière avant d'arriver ici à Kinshasa. Le carburant nous coûte 1408 dollars le moyen frontière et il est vendu dans des stations à 768 dollars, il y a un écart de 640 dollars qui correspond au manque à gagner que doit assumer le gouvernement à la place des pétroliers".

Avant gardiste, la FEC avait déjà sollicité auprès du gouvernement une augmentation graduelle du prix du carburant pour prévenir une accumulation des arriérés de manque à gagner.

''Nous déplorons le fait que, depuis le début de l'année, quand nous avons senti qu'il y avait des problèmes dans ce secteur, nous avons écrit plusieurs lettres au Chef du gouvernement, au ministre de l'Économie pour demander que tant soit peu, on puisse augmenter graduellement le prix carburant,'' indique l'administrateur délégué du patronat Congolais

"L'Etat a une énorme part de responsabilité dans ce qui se passe aujourd'hui. Cette situation fait en sorte qu'un pétrolier qui vend le carburant à perte est obligé soit de réduire l'effectif de ses agents, fermer les stations. Sinon, il va perdre de l'argent, or on ne peut pas continuer à perdre de l'argent,'' explique Kimona Bononge.

Le gouvernement gère la situation malgré la crise

Mais en dépit de cette situation complexe et difficile à gérer, ''en tant que gouvernement responsable, soucieux de placer l'homme au centre de sa politique, a jugé bon d'applique une politique prudentielle de fixations de prix à la station", rassure Célestin Twite Yamwembo, secrétaire général du ministère de l'Économie.

Qui relève cependant que ''depuis la reprise de l'économie mondiale, le coût du fret maritime est passé du simple au double. Nous n'avons pas la possibilité en tant que RDC d'influencer ce coût qui est un élément important de la structure de prix".

Pour lui, "dès lors que le fret, un élément important passe du simple au double, nous sommes là dans une situation d'augmentation de prix. Quand le comité de suivi à déjà calculé, travaillé, donné plusieurs scénarios, le dossier est présenté au ministre de l'Économie nationale qui doit avoir le quitus du premier ministre. Et en définitive, du président de la République, compte tenu de l'importance de ce produit".

Raison pour laquelle, "au lieu de 4606 Francs Congolais le litre d'essence à Kinshasa, nous étions à 2345 francs Congolais le litre, quasiment la moitié. Dans ce contexte, les pétroliers ont enregistré un manque à gagner de 2261 FC par litre d'essence vendu à Kinshasa, multiplié par le volume. Cette politique est appliquée dans toutes les trois zones, donc sur toute l'étendue de la République".

L'État subventionne

Cependant, rassure le secrétaire général à l'Économie, ''l'État gère la situation. En subventionnant ce prix là, il faut impérativement payer ces pertes de manque à gagner bien que le trésor public a des problèmes. Il n'y a pas que les produits pétroliers, le gouvernement a beaucoup d'autres défis qu'il faut relever. Mais du moins, de ce côté là, le gouvernement prend en charge à la place de la population la différence".

Il relève à titre d'exemple pour de la bonne foi du gouvernement qu''''à la fin juin 2020, la République a déboursé 118 millions de dollars payés cash à la profession pétrolière, les créances certifiées au 31 mars 2021, le gouvernement a déboursé plus ou moins 125 millions de dollars payés à la profession pétrolière, pour les créances certifiées jusqu'au 30 juin, le gouvernement a débloqué 250 millions de dollars au titre de perte de manque à gagner payés cash aux pétroliers".

Selon les projections effectuées cette année, en concertation pour la troisième revue pour faciliter l'accès au crédit avec le fond monétaire international, ''si cette allure ne baisse pas, on finira cette année avec une projection de plus ou moins 450 à 500 millions de dollars qu'on doit payer au titre de pertes de manque à gagner".